Mardi 23 novembre 2021 par Ralph Gambihler

Soul Kids, un voyage musical gorgé d'espoir

Une Star Academy à Memphis ? Remballez l'affreuse coquille,  c'est de Stax Acamedy dont il est question dans Soul Kids, et plus précisément de la Stax Music Academy, havre d'éveil et de citoyenneté qui ne prétend révéler aucune graine de star. Ici, c'est la conscience qui prime, et aussi la transmission puisque c'est dans les locaux mêmes du mythique label Stax Records qu'un jeune Français, Hugo Sobelman, a planté sa caméra pour nous offrir un voyage musical gorgé d'espoir.

Gratuit et accueillant, l'endroit tient soigneusement à distance la misère, le racisme et la criminalité qui gangrènent la ville. Des ados, jeunes noirs pour la plupart, s'y rendent après l'école, y apprennent les chansons d'Isaac Hayes, de Sam & Dave ou encore d'Otis Redding... Surtout ne pas imiter ces idoles. Juste comprendre ce qui les a animées à l'époque et pourquoi la grande marche de Washington, même si elle date un peu, reste à jamais destinée à celles et ceux qui marcheront plus tard à leur tour car dans la mythologie de la Soul Music, c'est a long long way, l'odyssée vers la justice et l'égalité.

Bien plus engagé que son rival de Detroit, la Motown, Stax se prête à merveille à ce type d'héritage. Alors entre deux répétitions dont la fraîcheur collective vous inonde l'âme, les profs vous apprennent à être vous-même, sans vous soucier de l'image que d'autres ont de vous. "Cette image de violence, c'est la nouvelle traite négrière, et les prisons privées vers lesquelles elle vous emmène sont les nouveaux champs de coton ", entend-on en voix off avant que les mêmes mots ne sortent de la bouche de Chandra Williams, une intervenante extérieure qui dirige un centre culturel dans le Mississippi. La manière dont les mômes réagissent à ces propos, même si cette dame n'est pas très tendre pour un certain rap ultra-violent que ces mêmes ados écoutent chez eux, c'est le climax de Soul Kids.

Autre temps fort, un peu en bordure du film (ce qui rend le moment encore plus magique...), le Take The A Train de Duke Ellington langoureusement joué au saxophone par un ancien élève dans une église désaffectée qui jouxte la Stax Music Academy. De quoi transformer un documentaire en pélerinage et inscrire le propos si juste et si poignant d'Hugo Sobelman dans une galaxie plus large, celle de la Great Black Music qui jazze en Louisiane, qui a le blues au Mississipi et qui vous emporte dans la Soul de Memphis. Ainsi une école de musique devient elle une école de vie.

Soul Kids, Hugo Sobelman, sortie en salles ce 24 avril. Coup de projecteur le même jour sur TSFJAZZ (13h30) avec le réalisateur ainsi qu'avec deux élèves de la Stax Music Academy, Catherine Eadly et Jonathon Lee. Spécial Soul Kids, également, dans Bon Temps Rouler, le rendez-vous de Jean-Jacques Milteau et Johan Dealgaard, ce mardi à 19h