Mercredi 12 mars 2014 par Ralph Gambihler

Six ans déjà

Menant ses polars comme une véritable industrie, Harlan Coben n'en dissimule pas moins un coeur qui bat. La preuve avec son nouveau thriller, Six ans déjà, dans lequel le professeur d'une petite université de province recherche désespérément la trace d'une femme qu'il a aimée six ans auparavant et qui, une fois mariée avec un autre, lui avait fait jurer de ne plus chercher à la revoir. Vaine promesse et fâcheux mystères... Voilà que le mari meurt et qu'à ses obsèques, la veuve n'a plus du tout le visage de la femme aimée autrefois. Autre constat pour le moins étrange:  quand notre héros se rend dans la propriété qui abritait naguère ses élans du coeur en plein Vermont, voilà qu'on lui assène que le domaine n'a jamais existé.

Harlan Coben conduit son intrigue avec malice et sincérité. Il nous fait douter de la fragilité psychologique de son valeureux prof (La romance qui le tenaille ne serait-elle pas le fruit de son imagination ?) tout en faisant emprunter à cet amour obsessionnel de très beaux relais: cette maison au bord d'un lac, par exemple, ou encore ce cottage peint par l'ancienne amante... On devine en même temps, au fil des pages, que c'est bien parce qu'elle fut d'emblée bancale, décadrée et source de frustrations que la rencontre amoureuse du passé contamine autant le présent du narrateur. S'il était tombé sur la femme parfaite, il l'aurait bien vite oubliée.

Dans le droit fil de Ne le dis à personne, ce joli "polar de la disparition" ne manque pas non plus d'humour. Transporté par le biais d'un flashback dans une résidence d'écrivains, le lecteur fait ainsi la connaissance d'un dénommé Lars s'escrimant à un poème de 600 pages sur les derniers jours d'Hitler du point de vue du chien d'Eva Braun ! "Sa première lecture se composait de dix minutes d'aboiements", écrit Harlan Coben dont on ne peut vraiment guère nier l'absence de mordant.

Six ans déjà, d'Harlan Coben (Editions Belfond). Coup de projecteur avec le romancier, ce mercredi 12 mars, sur TSFJAZZ (12h30)