Sing Twice !
Le titre de l'album en suggère déjà la traçabilité. "Sing Twice !", de toute évidence, prolonge le travail sur le chant et la voix qu' Eric Legnini avait entrepris il y a deux ans avec "The Vox". Le pianiste s'était surtout appuyé, à l'époque, sur le timbre rocailleux et androgyne de Krystle Warren sans parvenir à dissimuler, toutefois, le léger hiatus entre la chaleur de son phrasé pianistique et le style particulier de la chanteuse.
Changement de voix, changement de décor... En faisant appel, cette fois ci, à des univers aussi variés que ceux d'Hugh Coltman, de Mamani Keïta et d'Emi Meyer, Eric Legnini signe paradoxalement un album plus cohérent. Peut-être son plus beau disque à ce jour. On craque déjà pour Emi Meyer. C'est avec cette jeune américano-japonaise qu'Eric Legnini amplifie une veine folk dont une collaboration passée avec Yahel Naim avait déjà donné un avant-goût. "Winter Heron" est indiscutablement le titre le plus frais et le plus dansant de "Sing Twice !" avec, en bonus, une partie piano douce et vigoureuse à la fois.
Dans la famille afro-funk, c'est la voix charnelle de la Malienne Mamani Keïta qui s'impose sur deux titres. La section de cuivres qui l'accompagne sur "The Source" donne à cette mélopée un standing de haute volée... Et puis il y a Mister Soulman, alias Hugh Coltman... Trois morceaux lui sont consacrés, dont le magnifique "Salisbury Plain". L'élégance de son grain de voix et des intonations tout en velouté donnent des atours dandys à sa performance tout en instillant une émotion subtile que l'orchestration prolonge avec finesse. La partie purement instrumentale de l'album relève du même bonheur, ne serait-ce qu'à travers le titre éponyme qui ouvre les festivités avec une fougue groovy qu'on aimerait sampler jusqu'à plus soif.
Epaulé par les indispensables Thomas Bramerie et Franck Agulhon, Eric Legnini est là en terrain connu, ce qui n'est pas pour nous déplaire... Il a aussi le mérite de conclure son disque en beauté avec un magnifique "Cinecitta" rendant hommage ses origines italiennes et dont le climax émotionnel a quelque chose de véritablement cinématographique... Ce jazz option B.O., au-delà de ses accents pop, résonne indiscutablement comme le premier coup de coeur de l'année.
"Sing Twice !", Eric Legnini (Discograph), sortie le 29 janvier. Concert au Café de la Danse le 5 février. Le pianiste est également l'invité des Lundis du Duc, ce 21 janvier à19h, en direct du Duc des Lombards, avec à ses côtés Mamani Keita et Hugh Coltman.