Rentrée littéraire: premiers échos
Zone, de Mathias Enard (Actes Sud) : un train dans la nuit, un agent de renseignement franco-croate qui transporte dans une petite valise sa part de carnage ainsi que tous les soubresauts des guerres méditerranéennes, un parfum d' apocalypse.... Mathias Enard a construit un roman-monde en une seule phrase, au sens littéral du terme... On en reparlera...
Le cas Sonderberg, d'Elie Wiesel (Grasset) : sentencieuses et ressassées, les professions de foi d'Elie Wiesel se prolongent ici dans un tribunal devant lequel est jugé un jeune Allemand poursuivi pour homicide. L'auteur nous explique qu'un prétoire, c'est comme une scène de théâtre... On a connu des thématiques plus novatrices...
Sur la plage de Chesil, de Ian Mc Ewan (Gallimard) : on se souvient encore de "Expiation", adapté au cinéma sous le titre "Reviens-moi". Ian Mc Ewan continue à incarner toutes les finesses de la littérature britannique à travers le récit d'une nuit de noces qui tourne à la débâcle, dans l'Angleterre du début des années 60... Un pur bijou...
L' Inaperçu, de Sylvie Germain (Albin Michel) : avec "Magnus", elle avait signé une fable universelle... Le nouvel opus de Sylvie Germain est moins dense, plus en pointillés... On y retrouve néanmoins une écriture merveilleusement ciselée, une sensibilité d'exception, et surtout un magnifique personnage de laissé-pour-compte de la grande Histoire qui s'incruste à sa manière dans une famille plutôt convenue en apparence...
La Beauté du Monde, de Michel Le Bris (Grasset) : le patron du festival "Les étonnants voyageurs" nous raconte la saga de Osa et Martin Johnson, un couple d'aventuriers américains à la conquête de l'Afrique "sauvage" dans les années 20... Le récit croise également les premières boîtes jazz, à Harlem... un roman fabuleux, de la première à la dernière page, avec en bonus une réflexion remarquablement menée sur la notion même de sauvagerie, en musique comme ailleurs... Là aussi, on en reparlera...