Open Me
On entend comme une corne de brume. Des sirènes. Ambiance fest-noz mais sous acide, puis c'est Apocalypse Now. Il pleut des orages et des bombes, un cri dans la nuit, une colonne de blindés. Et soudain le sax surnage, genre Mad Max au milieu des décombres...
Suivons Guillaume dans les recoins de son royaume. De sons bidouillés en ersatz vocaux, le guerrier s'apaise. Après l'ouverture dantesque associant en une méga-transe sonore deux morceaux jumeaux (Opening et Shoebox), brutalité se met à rimer avec volupté (Brutalum Voluptuous) avant que notre chantre du jazz fécondé au heavy metal nous mitonne une berceuse dont il a le secret (Irma's Room), autrement dit guère propice à un quelconque assoupissement. Avec Mamuth, on repart en cinémascope. Sur la piste des éléphants, on prend vraiment conscience qu'il y a une pure dramaturgie dans ce disque et qu'autour de Guillaume Perret, la tentation du magma ne dissipe en rien l'aura des autres instrumentistes que sont Jim Grandcamp à la guitare électrique, Philippe Bussonet à la basse électrique et Yoann Serra à la batterie.
Sauf qu'il y a un leader dans l'affaire.... Ce ne serait pas lui qu'on entend, sur fond d'on ne sait quel nocturne indien, marcher sous la pluie au début de Doors avant que l'auditeur ne se laisse envoûter par ce qui est peut-être le morceau le plus velouté, le plus mélancolique et le plus délicat de l'album ? C'est lui qui fait chanter son saxophone ? Encore un uppercut (Ponk) et puis une coda intitulée Coma. Il pleut à nouveau.
Sauf que Guillaume Perret est arrivé à bon port. Il a beaucoup stressé, parait-il, pour en arriver là (2e album attendu au tournant, changement de label, d'autres conditions d'enregistrement...), il s'est déconnecté de tout mais il a l'air heureux. Dans Coma, paradoxalement, on entend un type qui se réveille, un rescapé de cette époque d'enfer où nous pataugeons et qu'il absorbe à sa manière, peut-être malgré lui. Le morceau est très court, mais il a comme un air de Nouveau Monde.
Open Me, Guillaume Perret & The Electric Epic (Kakoum ! Records/Harmonia Mundi). Journée spéciale sur TSFJAZZ, ce jeudi 25 septembre