Oncle Boonmee
Sentant bientôt sa fin venir, un apiculteur sous dialyse affronte ses fantômes lors d'un voyage en pleine jungle. Son fils mort lui réapparait sous les traits d'un gorille aux yeux rouges. D'autres créatures pourvues des mêmes yeux rouges se laissent entrapercevoir, ainsi qu'un buffle qui parvient à rompre la corde qui l'attache à un arbre.
Il est également question, au milieu du film, d'une princesse qui s'offre, sexuellement parlant, à un poisson-chat dans une rivière. Le film s'achève dans une grotte en forme de vagin, ce qui rappellera peut-être à certains l'épilogue d'un long-métrage peu connu de Bertrand Blier datant des années 70. On sera bien en peine, pour le reste, d'expliquer ce que le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul a vraiment voulu nous dire à travers cette fable initiatique qui prend le risque du dépaysement absolu.
C'est comme une langue étrangère dont on ne pourrait apprécier que le charme des sonorités... La palme d'or décernée à Cannes lui offre en tout cas une belle chance de s'inscrire dans les annales, au moins à titre d'expérimentation insolite, et en prenant en compte l'indispensable courage dont les spectateurs les plus larges d'esprit devront faire preuve s'ils parviennent à se laisser imprégner par une texture cinématographique aussi particulière...
"Oncle Boonmee", de Apichatpong Weerasethakul (Sortie en salles le 1er septembre)