Miserere
Misère de Miserere ! Le nouveau thriller de Jean-Christophe Grangé trébuche sur un trop plein d'écueils, alors que les deux précédents opus du romancier, "La Ligne noire" et "Le Serment des Limbes" avaient au contraire témoigné d'un sens du récit magistral.
Les premières pages promettaient pourtant le meilleur: un chef de chorale aux tympans perforés, des témoins en culottes courtes qui ne sont peut-être pas forcément que des témoins, un mystérieux chant a capella aux pouvoirs mortifères... Les moteurs sont lâchés avec d'autant plus de puissance que Grangé a fait appel cette fois-ci à plusieurs enquêteurs pour élucider un même crime. Mais c'est peut-être là la première faiblesse du bouquin: Kasdan, le vieux flic arménien, bourru et dépressif, et Volokine, le jeune Russe croque-girl, camé et lui aussi pas mal torturé, auraient peut-être du continuer à mener leur enquête chacun de leur côté. En formant un tandem, les deux personnages s' anéantissent sur le plan littéraire.
Le lecteur, surtout, devine trop vite la part d'ombre de ces deux là, surtout en ce qui concerne le jeune russe... On s'épuise enfin à suivre les cheminements à travers lesquels Jean-Christophe Grangé s'efforce de cerner les racines du mal... Pourquoi faut-il toujours, dans ce genre d'exploration, que les ténèbres prennent la forme d' une croix gammée ? A rebattre ainsi quelques vieilles lunes sataniques (médecins de la mort, expérimentations concentrationnaires ...) pimentées de quelques clichés regrettables ( Enfants cruels, quarteron de militaires détraqués ou cyniques...), Grangé perd en rythme et en originalité, ses deux grandes marques de fabrique. Il y a trop d'exorcismes dans ce Miserere, et pas assez de vrais rebondissements. La séquence finale, plus western que thriller, ne parvient évidemment pas à dissiper le malaise et la déception.
Miserere, de Jean-Christophe Grangé (Albin Michel). Sortie le 4 septembre.