Vendredi 16 janvier 2009 par Ralph Gambihler

Minetti

On voit d’abord la valise, imposante, fourbue, presqu’ incongrue dans cet hôtel d’Ostende où ça n’arrête pas de neiger, le soir de la St Sylvestre. Le voyageur surgit, quelques minutes après… C’est Minetti,  monstre sacré des planches tel que l’imagine le dramaturge autrichien Thomas Bernhardt.

Il attend désespérément un directeur de théâtre qui est censé lui proposer le rôle du Roi Lear. Mais c’est un peu l’Arlésienne, ce Roi Lear, ou alors c’est Godot que Minetti n’en finit plus d’attendre dans ses accès de mythomanie, son passé ressassé et sa solitude. Des jeunes couples, masqués, partent réveillonner… Minetti les voit sans les regarder… Il s’adresse à une jeune fille, attentionnée, ainsi qu’ à une dame en rouge vaguement suicidaire, mais c’est d’abord à lui-même qu’il se parle…

Minettti, c’est Michel Piccoli… Lui au moins, il l’a joué le roi Lear. C’était il y a deux ans, avec le même metteur en scène. On le trouve ici moins embourbé qu’à l’époque, plus aérien, absolument pas lugubre. On pourrait appeler ça la douceur de l’âge.

Minetti, mis en scène par André Engel, au théâtre de la Colline, jusqu'au 6 février