Vendredi 23 mai 2014 par Ralph Gambihler

Maps to the Stars

Charmante vision que celle de Julianne Moore en quête de laxatif sur une cuvette de toilettes. Un Marco Ferreri aurait très bien fait l'affaire dans ce type de situation, mais quand c'est le glacial David Cronenberg qui se prête à pareil exercice, la séquence vire au malaise. C'est tout le problème de Maps to the Stars : le jeu de massacre sur planète Hollywood oscille entre froideur contenue et cuisson à l'étouffée, le trash se décline à fleurets mouchetés et plutôt que de plonger dans la merde, David Cronenberg préfère la regarder de haut. Ou plutôt en oblique, puisque c'est l'angle choisi pour filmer les travers intestinaux de Julianne Moore transformée en vieille peau prête à tout pour décrocher un grand rôle. On la voit même toute joyeuse quand elle apprend que sa rivale renonce à un tournage après la mort de son fils.

Un enfant-star en désintox déjà bouffi de cynisme et de perversité incarne l'autre pôle du film, le lien entre les les deux personnages étant assuré par une jeune morte-vivante (Mia Wasikowska) aux desseins incendiaires. Ce n'est pas le premier précis de décomposition que signe David Cronenberg. Mais là où Cosmopolis faisait mouche par sa cohérence et sa très grande classe stylistique, Maps to the Stars brouille les sortilèges et hésite entre l'anti-Mulholland Drive et l'ersatz de Mulholland Drive avant de s'enliser dans une variation plutôt lourdingue sur le thème des enfants qui endossent les pêchés de leurs parents.

L'ensemble laisse une fâcheuse impression d'aigreur, le détachement du cinéaste pour ses personnages étant très artificiellement compensé par le talent que mettent certains d'entre eux à réciter un célèbre poème de Paul Eluard. Reste deux ou trois climax particulièrement bien sentis dans le dernier tiers du récit, Cronenberg filmant avec beaucoup plus de conviction les fantômes que les êtres réels.

Maps to the Stars, David Cronenberg (sorti en salles le 21 mai), en compétition au festival de Cannes.