Les ondes de l'espoir
Tout "gadjo" qu'il est, autrement dit n'ayant aucune origine rom ou manouche, le guitariste Romane en perpétue avec toujours autant de panache l'esprit et le swing. De la scène à l'écrit, cette sensibilité s'exporte au travers d'un thriller enchanté. Pas étonnant que le personnage principal se prénomme Merlin.
Lui aussi, c'est un "gadjo", mais avant tout un magicien de l'électricité. Naïf et un peu tête en l'air, il n'en a pas moins réussi à mettre au point une sorte d'oasis de la supraconduction: l'énergie gratuite, universelle et sans carburant, la machine-miracle générant plus d'électricité qu'elle n'en consomme: "les ondes de l'espoir", comme le formule joliment Romane au regard de toute la fantasmagorie que ce type de découverte peut "alimenter" lorsqu'on vit en caravane...
Sauf que les puissants de ce monde ne l'entendent pas de cette oreille. Les patrons de Merlin, le lobby du nucléaire, le gouvernement.... Nul n'a intérêt à ce que le Einstein de l'électrogène reçoive un Nobel pour de tels prodiges. Seul impératif: l'éliminer par tous les moyens, et en n'hésitant pas à recourir aux connivences les plus inattendues, ainsi qu'aux mafias les plus ténébreuses. Heureusement qu'il sait manier un peu de la guitare, Merlin ! De quoi se faire épauler comme il se doit par des amis manouches aussi braves de caractère qu'impitoyables lorsqu'on s'en prend à leurs protégés.
De Samois-sur-Seine à Patrimonio (en Haute-Corse), deux hauts-lieux du swing manouche, Romane nous plonge dans un bain d'air frais. Ses personnages ont de la répartie, façon Michel Audiard. Le lecteur croisera également au gré des pages une jolie gitane plus qu'entreprenante ainsi qu'un truculent chef forain qui ressemble à s'y méprendre à un certain Marcel Campion,vulgarité et tirades homophobes en moins. De quoi se réconcilier avec l'énergumène... du moins à l'écrit.
Les Ondes de l'espoir, Romane (éditions AKFG)