Vendredi 27 mai 2022 par Ralph Gambihler

Les Crimes du futur

Les décompositions en tous genres dont David Cronenberg a le secret ne l'ont pas toujours bien inspiré dans la dernière période. Seule exception notable, Cosmopolis, adaptation d'un célèbre roman de Don DeLillo tout en acier trempé. Le nouvel opus du cinéaste vieillissant semble quant à lui surtout placé sous le signe du plastique.

C'est d'ailleurs ce qui abrège d'emblée le parcours de l'enfant mutant présent lors d'un magnifique premier plan qu'on aurait rêvé plus annonciateur: après avoir fait d'une poubelle en plastique son plat de résistance, le voilà assassiné par sa mère pour un motif qu'on comprendra ultérieurement. Il faut dire qu'elle est assez redoutable, cette secte de mangeurs de plastiques réglant à sa manière les innombrables déchets que nous répandons autour de nous. Cronenberg greffe sur ce segment de scénario les tribulations d'un couple de performers (Viggo Mortensen et Léa Seydoux) exhibant et tatouant d'atypiques organes telles des tumeurs bariolées.

Autre égarée dans cette affaire, Kristen Stewart en employée fédérale toute émoustillée à l'idée que "la chirurgie, c'est le nouveau sexe "... Arrêtons-là le descriptif. Entre deux dissections ronflantes et autres expositions de viscères, ce film dépourvu de la moindre énergie patauge dans un magma métaphysico-horrifique sur le corps, le médical, la libido, l'art et le devenir d'une planète en bout de course. Tristesse que de voir des comédiens réputés se perdre dans ces méditations plombantes et putréfiées. À fuir d'urgence.

Les Crimes du futur, David Cronenberg, Sélection officielle à Cannes (le film est sorti mercredi)