Vendredi 16 mars 2012 par Ralph Gambihler

Les adieux à la reine

Quelle horreur, la vie à Versailles, en ce mois de juillet 1789 ! Les jolies filles se font piquer par les moustiques, des rats morts remontent à la surface de l'eau et les nobles vivent dans de véritables trous à rats sous les combles du château... Caméra à l'épaule, Benoit Jacquot filme complaisamment l'envers du décor, comme pour mieux contourner le spectre d'une esthétisation qu'on lui a parfois reprochée au regard de sa filmographie.

Son trio d'actrices se veut  plus attrayant. Diane Kruger campe une Marie-Antoinette frivole à souhait mais également fort clairvoyante sur ce qui l'attend à l'orée de ces journées révolutionnaires. Léa Seydoux, qui a des faux airs de Anne Wiazemsky dans sa période godardienne, joue la liseuse attitrée de la souveraine envers laquelle elle nourrit autant d'amour que de jalousie vis-à-vis de la troisième figure féminine du récit, la très sexy duchesse de Polignac incarnée par Virginie Ledoyen.

Fin de monde au féminin pluriel, donc... Benoit Jacquot, qui adapte ici un roman de Chantal Thomas, fait preuve d'une écriture originale, soignée, intelligente, mais qui souffre insidieusement d'un excès d'application. Ce n'est pas seulement ses trois belles qui peinent à nous envoûter. Bertrand Bonello et Abdellatif Kechiche, qui se sont eux aussi embarqués récemment dans le film à costumes, prenaient plus de risques et donnaient d'avantage d'eux-mêmes... Il n'y a pas photo, enfin, avec l'autrement plus poignante et mélancolique "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola dont le spleen existentiel était tout sauf anecdotique.

strong>"Les adieux à la reine", de Benoit Jacquot (Sortie en salles le 21 mars)