Le ruban blanc
Quel coup de froid, ce "Ruban blanc " ! On est en 2009, et voilà qu'en guise de palme d'or, on est obligé de se farcir une sombre chronique féodale dans l'Allemagne de 1913 avec des barons, des régisseurs, des pasteurs et autres personnages d'outre-tombe filmés dans un noir et blanc d'autant plus plombant que l'affaire dure quand même 2h30. C'est autour d'une ribambelle d'Aryens en culottes courtes que semble se nouer le coeur du drame... Incidents mystérieux, inceste, maltraitance... A travers ce "joyeux" inventaire, le réalisateur autrichien Michael Haneke semble vouloir nous dire que la bête immonde en forme de croix gammée se niche partout, y compris au fin fond des campagnes germaniques.
Le problème, c'est que même sur un plan strictement politique, cette fable revêche ne renvoie pas à grand chose de bien moderne tandis qu'au niveau purement esthétique la séance vire au châtiment pour le spectateur. Il y a, certes, quelques plans splendides, mais c'est une splendeur au garde-à-vous, un peu figée, avec cette prime à l'austérité qui aura notamment abusé une présidente de jury -Isabelle Huppert en l'occurrence-craignant visiblement de passer pour une Bécassine face à un pensum aussi grelottant...
Comme quoi il ne suffit pas de crier "Ciel, mon Bergman !" à tout bout de champ pour bien faire la différence entre l'art de l'angoisse propre au grand maître suédois et les monotonies de pensionnat où s'enlise son pâle rejeton autrichien...
Le Ruban blanc, de Michel Haneke (Sortie le 21 octobre)