Last Flag Flying-La dernière tournée
Dans La Dernière corvée (1973), ils escortaient un prisonnier, ici, un cercueil. Également adapté d'un roman de Darryl Ponicsan, Last Flag Flying-La Dernière tournée apparaît comme la suite très libre du film-culte d'Al Ashby dans lequel deux soldats en attente d'affectation pour le Vietnam prenaient tout leur temps pour convoyer un jeune troufion arrêté à la suite d'un menu larcin. Désormais, il s'agit d'accompagner ces anciens bidasses devenus vétérans à l'enterrement du fils de l'un d'eux, mort en Irak.
D'une guerre à l'autre, il sera donc aussi question, dans Last Flag Flying, d'un voyage en train, d'un road-movie passant par Boston et d'un immense bras d'honneur à tout ce qui est mascarade patriotique... Et comme dans La Dernière corvée, un fort en gueule de première tiendra la vedette. Non plus Jack Nicholson marinant dans sa torpeur égrillarde pour mieux cacher son désarroi mais Bryan Cranston -alias Mr Breaking Bad- mimant la truculence pour tenter d'atténuer ce que ces retrouvailles d'anciens combattants ont de si dramatiques.
De quoi arracher quelques sourires à Steve Carell -c'est lui qui a perdu son fils- tandis que le 3e comparse de cette odyssée, un brave pasteur noir autrefois si dissipé, est incarné par Laurence Fishburne. Comme dans son film le plus remarqué, Boyhood, Richard Linklater filme le temps qui passe, exercice qu'il déploie ici dans un cadre à rebours des esthétiques en vogue.
Tonalités rêches et grisailleuses, dialogues abondants, temporisations à foison, déconnades en tout genre avec en renfort un 4e personnage, un jeune soldat afro-américain faisant presque office de candide... Ce pourrait être rasoir, et c'est aussi déchirant qu'un film de John Cassavetes.
Last Flag Flying-La dernière tournée, Richard Linklater (Sortie en salles ce 17 janvier). Coup de projecteur sur TSFJAZZ, jeudi (13h30), avec Frédéric Mercier, de la revue Transfuge.