La Route
-« Qu’est ce qu’il y a de l’autre côté ?
-Rien.
-Il doit y avoir quelque chose.
-Il y a peut-être un père et son petit garçon et ils sont assis sur la plage.
-Ça serait bien.
-Oui, ça serait bien.
-Et peut-être qu’eux aussi ils porteraient le feu ?
-Oui, peut-être.
-Mais on n’en sait rien.
-Non. Rien. »
L' Amérique a brûlé. Il n'en reste qu' une odeur de cendres et de soleil éteint. C'est dans ce décor post-nucléaire, spectral et putréfié que Cormac McCarty a planté ses deux survivants, un père et son fils... Poussant un caddie où l'on trouve un tas d'objets hétéroclites, ces deux-là vont rencontrer la faim, le froid, l'esclavagisme, le cannibalisme, et pour finir, au terme d'un exil sans but, une grande plage pour ultime infini...
Prix Pulitzer aux Etats-Unis, "La Route" confirme à quel point Cormac McCarthy est l'un des plus grands écrivains américains... Plutôt que d'aller voir prochainement dans les salles le mauvais film que les frères Coën ont tiré de l'un de ses précédents romans, ("No Country for Old Men") , il faut lire et relire "La Route" en s'agrippant aux deux personnages du roman comme eux-mêmes s'agrippent l'un à l'autre au-delà des épreuves qu'ils traversent.
La prose de McCarthy revisite ici de manière stupéfiante l'univers de Beckett en le ponctuant d'une réflexion sur le mal d'autant plus bouleversante qu'elle se construit sur une relation d'amour et sur un lien de protection entre un père et son fils... Le style, découpé au scalpel et volontairement dépouillé de toute élucubration métaphysique, amplifie encore d'avantage la puissance crépusculaire du récit. Plus de deux millions de lecteurs s'y sont déjà laissés prendre aux Etats-Unis.
La Route, de Cormac McCarthy (Editions de l'Olivier). Parution le 3 janvier.