La Favorite
Toujours aussi retors et décalé, Yorgos Lanthimos. Sauf qu'après avoir passé à la moulinette quelques mâles en crise dans l'inégal The Lobster et le pesant Mise à mort du cerf sacré, c'est sur la gente féminine qu'il jette son dévolu au travers d'un film à costumes qui, chez le plus British des Grecs, ne ressemble à un aucun autre.
Aristos déclassés, perruques ridicules, cocktail de hip-hop et de clavecin en guise de soirée dansante... Il s'en passe des belles à la cour de la reine Anne, dernière des Stuart en ce début de 18e siècle marqué par un énième conflit entre l'Angleterre et la France. C'est pourtant une autre guerre qui fait rage à l'écran. Deux favorites s'arrachent le cœur et le lit d'une reine déclinante qui vit entourée d'une progéniture de lapins emblématiques de toutes les fausses couches qu'elle a dû subir...
On se délecte de ces jeux de pouvoir et de vanités filmés en plans incurvés et autres zooms bluffants, sans oublier bien sûr un trio d'actrices déchaînées, Emma Stone en tête. Rien à voir, cependant, avec la fresque crépusculaire façon Barry Lindon, ni même avec l'amertume tout aussi décalée mais bien plus ciselée d'une Marie-Antoinette telle que la filmait Sofia Coppola.
La Favorite, Yorgos Lanthimos (Sortie en salles ce mercredi)