Lundi 3 mars 2008 par Ralph Gambihler

Julia

On aurait tant aimé flasher sur elle... Dix ans après "La vie rêvée des anges", Erick Zonca a voulu faire un film américain à 100%, mais il manque malheureusement le coche avec "Julia". Malgré la performance de l'actrice principale, Tilda Swinton, et malgré le haut patronage de John Cassavetes, dont Zonca s'est inspiré à plus d' un titre, ne serait-ce qu'en souvenir de Gena Rowlands dans "Gloria", "Julia" ne parvient jamais à surfer sur la folie de ses personnages ni à s'extirper de la fournaise dans laquelle nous enferme la mise en scène d'Erick Zonca.

La scène d'ouverture est pourtant fantastique: Buveuse, dragueuse, seule, Julia est captée en pleine "action", si on peut dire, dans un night-club de Los Angelès où elle échoue dans les bras du premier venu... La caméra la happe, sauvagement, avant que le plan suivant ne la ramasse en loques, au petit matin, les rides à la remorque, les lèvres sèches, désemparée, abandonnée... La descente aux enfers ne fait que commencer: une mauvaise rencontre chez les Alcooliques Anonymes avec une Mexicaine complètement timbrée, et voilà Julia embarquée dans une entreprise de kidnapping qui finira border line, à Tijuana, au Mexique...

Le film se sera entretemps embourbé dans une interminable cavale... On aurait aimé moins de rebondissements, moins d'excès de violence de la part d' Erick Zonca, et un peu plus de respiration, notamment dans les relations entre Julia et l'enfant qu'elle a kidnappé. Le spectateur attendait un film nerveux. Il tombe sur une mise en scène crispante. La vie rêvée des anges a fait place à un cauchemar bien glauque qui parait avoir oublié, au-delà d'un certain savoir-faire et contrairement aux oeuvres les plus marquantes de Cassavetes, la part de tendresse que peut receler de temps en temps un cinéma à l'état brut.

Julia, d' Erick Zonca (Sortie en salles le 12 mars)