Lundi 30 juin 2014 par Ralph Gambihler

Jimmy's Hall

Retour à la tradition pour Ken Loach. Alors qu'il semblait avoir trouvé dans le genre documentaire (L'Esprit de 45) de quoi transcender le schématisme qui plombe une grande partie de sa filmographie, Jimmy's Hall renoue avec les pêchés ataviques du réalisateur britannique: personnages caricaturaux, lourdeur du trait, caméra-tract et académisme de chapelle. Il reste le jazz, heureusement.

Belle entreprise, en effet, que de vouloir faire swinguer tout un pays à peine libéré du joug britannique. C'est du moins à cette tâche que s'attelle Jimmy Gralton, un révolutionnaire irlandais de retour de chez lui dans les années 30 après avoir flashé sur Harlem lors d'un premier exil. Alors que la crise frappe le pays, l'occasion est toute trouvée pour Jimmy de rouvrir un dancing qu'il avait imaginé autrefois tout en le transformant en une sorte d'université populaire. Mais les autorités religieuses et les propriétaires fonciers du coin ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, le jazz, c'est la débauche. Pire encore, c'est le communisme !

Si délicate soit-elle, la love story qui se joue dans la foulée de ce choc des musiques et des idéologies n'échappe guère aux clichés qui finissent par ensevelir le propos de Ken Loach. La patte est moins lourde, certes, que dans Le Vent se lève où se tournaient également, il y a huit ans, quelques pages d'histoire irlandaise avec, à l'arrivée, une des palmes d'or les plus usurpées de ces dernières années... Peut-être est-ce le personnage de la mère du héros qui fait un peu mieux passer la pilule. Visage buriné, silences qui sonnent vrai... C'est le seul personnage du film qui respire vraiment l'authenticité. Le drôle de tour qu'elle joue aux policiers venus arrêter son fils apporte soudainement une vibration qui tranche avec l'encéphalogramme plat ambiant.

Jimmy's Hall, Ken Loach (Sortie en salles le 2 juillet)