Inglourious Basterds
Puéril, mal foutu et pour tout dire carrément "tarantignolesque", le nouveau film de Quentin Tarantino fournit de précieux nouveaux indices sur les impasses d'un cinéaste complètement surestimé.
Qu'aime-t-on chez Tarantino finalement ? Ses incessantes citations et hommages à des univers dont il est pourtant très éloigné? Son panache à vouloir dézinguer à sa sauce tous les genres cinématographiques, jusqu'à transformer la 2ème guerre mondiale en western spaghetti ? Son inventivité permanente et systématiquement déconnectée de toute vision du monde? On trouvera éventuellement toutes ces cartes maîtresses dans Inglourious Basterds ce qui en fait, au mieux, un bon divertissement, et au pire, une gaminerie indigne d'un cinéaste autrefois palmé à Cannes.
Pour le reste, on pourra toujours répertorier ici les bavardages, chutes de rythme et autres invraisemblances qui perturbent un synopsis confus dans lequel s'entrecroisent la vengeance d'une projectionniste dont la famille a été tuée par les Allemands et un groupe de soldats juifs américains qui passent leur temps à scalper des vilains nazis, avec parfois des variantes dans le mode d'exécution, sachant que l'un des membres du groupe nourrit une formidable passion pour le base-ball... C'est sans doute le caractère international du casting (Brad Pitt, Dianne Kruger, Mélanie Laurent...) et la nécessité de donner une place à chacun qui fait qu'on perd des personnages en cours de route, avec cette impression que plusieurs scénarii différents se bousculent au portillon d'un seul film.
Quant à la séquence finale, elle est évidemment riche en sensations fortes mais elle laisse aussi un sentiment de malaise... Où veut-il en venir, Tarantino, avec cette idée qu'au cinéma on peut changer le cours de l'histoire en imaginant par exemple qu'Hitler ait effectivement péri dans un attentat? Est-ce bien là le rôle du 7ème art par rapport à une période aussi dramatique? Dans ce genre de défi, il faudrait disposer du génie d'un Charlie Chaplin pour s'en sortir haut la main... Quentin Tarantino, à cet égard, est plus proche de Papy fait de la résistance que du Dictateur.
Inglourious Basterds, de Quentin Tarantino (Sortie le 19 août)