Mardi 1 janvier 2013 par Ralph Gambihler

Foxfire

C'est sûr qu'on le préfère hors les murs. Cinq ans après une palme d'or amplement discutable, Laurent Cantet transpose son intérêt pour les jeunes générations dans un espace singulièrement plus aéré, en l'occurrence l'Amérique des années 50. Prenant appui sur un roman de Joyce Carol Oates, le réalisateur suit l'odyssée de plusieurs jeunes filles bien décidées à faire payer à la gente masculine une outrecuidance qui, à l'époque en tout cas, ne s'interdisait aucune limite.

Les qualités propres à Laurent Cantet affleurent très vite à l'écran: la spontanéité d'un casting pratiquement vierge de tout antécédent cinématographique, l'élégance de la mise en scène, la structuration d'un récit dont les enjeux moins évidents de prime abord, qu'ils soient d'ordre politique, racial ou sexuel, s'exposent peu à peu avec clarté et sensibilité. À cela s'ajoute le refus d'alourdir le propos par une reconstitution trop marquée sur le plan historique.

Et pourtant, on reste un peu sur sa faim. Outre une interprétation parfois déséquilibrée, "Foxfire..." souffre d'une trop grande sagesse. Le film aurait du être aussi sauvage, dans son style, son montage et son rythme, que ce gang de filles particulièrement destroy qui vont même jusqu'à brandir comme mascotte un vieux communiste américain mal remis, semble-t-il, de ses souvenirs de congrès. Laurent Cantet a préféré, de fait, le ton de la chronique douce-amère, noyant les sautes de tension sous un luxe de détails qui en disent long, certes, sur le cheminement et les avatars d'une dynamique de groupe tout en nous frustrant sur le plan émotionnel.

"Foxfire, confessions d'un gang de filles", de Laurent Cantet (Sortie le 2 janvier)