Don't worry, He won't get far on foot
Avec le tamisé Promised Land, on avait cru entrevoir chez Gus Van Sant une veine mainstream plutôt prolifique. Découvrir Joaquin Phoenix en tétraplégique miteux et aussi déplaisant que Sean Penn dans Harvey Milk nous fera d'autant plus regretter, hélas, les ondulations hypnotiques chères à l'auteur de Paranoïd Park et Restless.
Biopic, morne plaine. Condamné à la chaise roulante à la suite d'un accident de voiture lié à ses excès de tequila, John Callahan s'est fait un nom à Portland (ville-fétiche de Gus Van Sant) avec ses dessins à la Reiser et son odyssée bombée de résilience et de rédemption via plusieurs groupes de parole avec des ex-alcoolos. Sa romance avec une infirmière bien trop pulpeuse pour s'amouracher d'un tel gravas va évidemment faciliter bien des choses.
Montage éclaté et parfum vintage laissent rapidement le spectateur sur sa faim au regard de ce que le récit pouvait avoir de profondément subversif. Gus Van Sant, malheureusement, ne creuse rien ou presque. Le contexte années 70 est à peine effleuré tandis que l'identification du spectateur au personnage principal relève du parcours du combattant. Trop de nonchalance tue l'émotion. L'ennui, en revanche, s'offre un véritable boulevard.
Don't worry, He won't get far on foot, Gus Van Sant (le film est sorti le 4 avril)