Des hommes et des dieux
Dans le titre du nouveau film de Xavier Beauvois, le mot "hommes" vient avant le mot "dieux". Ce qui induit, cinématographiquement parlant, une véritable prime à la direction d’acteurs. Chapeau bas, donc, à Michael Lonsdale et à cette pointe d'humour qu'il instille au coeur de la tragédie des moines trappistes de Tibéhirine, enlevés puis assassinés en 1996... Chapeau bas également à Olivier Rabourdin dans la peau du moine qui se pose le plus de questions, qui n'a pas forcément vocation à jouer les martyrs et dont la foi semble parfois vaciller lorsque la mécanique de terreur qui va ensanglanter l'Algérie atteint sa vitesse de croisière...
L’autre pilier de "Des hommes et des dieux", c’est la mise en scène… Là encore, on lève les yeux. Travelling déchirant sur les visages au moment du dernier repas, entrechoquement sonore entre le cantique des moines et le bourdonnement d’un hélicoptère de l’armée… Les rapports entre les frères trappistes et la population algérienne sont traités, eux, sur un mode un peu plus sulpicien, comme s’il fallait éviter le moindre obstacle qui empêcherait le film d’aller jusqu’au bout de sa propre liturgie.
"Des Hommes et des Dieux", de Xavier Beauvois. Grand Prix du Jury au Festival de Cannes (Sortie en salles le 8 septembre)