Mardi 1 novembre 2022 par Ralph Gambihler

Close

Hypertrophié dans ses couleurs vives, ses cadrages photogéniques et cette simili-délicatesse propre à un certain cinéma genré basculant arbitrairement dans le drame, Close n'est qu'une pâle imitation de l'univers propre à un célèbre et impétueux cinéaste québécois, l'alchimie en moins. N'est pas Xavier Dolan qui veut.

Le jeune réalisateur belge Lukas Dhont a dissipé, certes, les effluves malaisantes de son premier coup d'éclat, Girl. Il dépasse toutes les désespérances, en revanche, au rayon chorégraphie figée et démagogie tire-larmes. Le récit, d'emblée, se love complaisamment dans l'objet filmique. Léo et Rémi sont dans leur cocon. Complicité rieuse, bataille d'oreillers, course folle à travers des champs de fleurs... Aucun regard biaisé ne vient troubler cette fraternité fusionnelle entre deux gamins de 13 ans. Du moins jusqu'à leur entrée en sixième.

Dans la cour de récréation, soudain, et au gré d'un plan aussi magnifique qu'isolé au regard de ce qui l'entoure, les voici en milieu hostile. "Vous êtes ensemble ?", hasarde une collégienne en direction des deux gars qui nourrissent l'un envers l'autre un attachement sans doute trop en pointillés pour le commun des écoliers. La question cisaille Léo jusqu'à le désynchroniser peu à peu de Rémi. Chacun sur leur vélo, les deux amis ne roulent plus désormais à la vitesse. L'un intègre une équipe de hockey sur glace pour dissiper toute ambiguïté sur sa virilité, l'autre intériorise cet éloignement jusqu'à ne plus le supporter.

Précipité dans son coup de force narratif, le film cesse dès lors d'avancer, patinant dans le tragique avec pour seuls curseurs les yeux régulièrement embués d'Émilie Dequenne qui joue la mère de Rémi. L'autre maman du film, campée par Léa Drucker, se préserve un peu plus sans pour autant donner le change tant la mise en scène s'agrippe à sa joliesse, même dans ses versants les plus dramatiques. Quant à l'ultime regard caméra du personnage principal, il sonne définitivement faux, laissant bien perplexe sur le peu d'exigence requise pour décrocher un Grand Prix du Jury à Cannes.

Close, Lukas Dhont, Grand Prix du Jury ex æquo au Festival de Cannes, sortie en salles ce mardi 1er novembre.