Buddy Collette, la grâce et la flûte...
A l’alto comme au ténor, à la clarinette et surtout à la flûte, Buddy Collette, qui vient de s'éteindre à l'âge de 89 ans, était le tact, la fluidité et la poésie incarnés. C’est à Los Angeles qu’il donnera toute la mesure de ses talents, notamment au milieu des années 50, lorsqu’il fonde avec le batteur Chico Hamilton l'un des quintettes les plus baroques de l’histoire du jazz, avec notamment le violoncelliste Fred Katz. Inspiré de la musique de chambre, cet ensemble allait signer une version déchirante de "My Funny Valentine" ainsi que le fameux "Blue Sands" avec l'inoubliable solo de Jim Hall à la guitare.
Buddy Collette aura été au final l’un des rares musiciens afro-américains à participer au courant cool jazz… Il fut aussi le premier musicien noir californien à avoir travaillé pour la télévision, notamment pour une émission de Groucho Marx… Il avait par ailleurs enregistré avec Charles Mingus, dont il était l'ami jusqu'au moment où Mingus finit par lui décrocher quelques vacheries sous le prétexte que Buddy avait vendu son âme au diable en jouant dans les studios californiens.
Buddy Collette avait pourtant joué un rôle très actif pour la cause des droits civiques et la défense des musiciens afro-américains de la côte Ouest. Il avait ainsi réussi, en 1953, à réunifier les syndicats de musiciens des deux couleurs en une seule organisation... Il organisa également un grand concert de protestation lors de la répression contre le chanteur et militant Paul Robeson. Musicien, pédagogue (Eric Dolphy et Charles Lloyd étaient ses élèves), voilà un musicien dont l'intégrité et la conscience auraient mérité une plus large reconnaissance. Il nous reste heureusement ce CD jaune, ce fameux "Chico Hamilton Quintet: the Original" où les cinq membres de l'orchestre posent en costume cravate... Le genre de CD à emporter immédiatement sur une île déserte, pour s'y laisser bercer au son d'une flûte échouée entre guitare et violoncelle...
Buddy Collette (6 août 1921-19 septembre 2010)