BlacKkKlansman
Noirs, Juifs, causes communes... Que cette thématique déjà propice à un ouvrage mémorable soit à son tour reprise par un cinéaste comme Spike Lee n'est pas la moindre vertu de ce BlacKkKlansman-J'ai infiltré le Ku Klux Klan qui fait chaud au coeur avec son humour acéré et sa conscience aigüe face à ce que continuent à subir des millions d'Africains-Américains.
Au départ de cette odyssée véridique, un méga-coup de bluff... Premier Noir engagé dans la police de Colorado Springs, Ron Stallworth entre en contact avec le Ku Klux Klan local en se faisant passer au téléphone pour un énergumène émargeant au pire des discours Alt-right. Difficile en même temps, pour notre homme, de poursuivre l'infiltration puisque sa couleur de peau lui interdit de rencontrer en personne ses nouveaux "amis". Seule solution, se dédoubler et envoyer sur le terrain un collègue juif (Adam Driver, désopilant d'intériorité...), lequel doit lui aussi prendre garde, face à des crétins aussi racistes qu'antisémites, à ne pas trop en dire sur ses propres origines.
La mise en scène carbure sans temps morts, déroulant le quiproquo dans ce qu'il a de plus savoureux tout en graduant la tension puisqu'un attentat se prépare. On n'oubliera pas de sitôt le montage parallèle entre les adeptes du Klan se projetant et se gargarisant de Naissance d'une nation, le manifeste ségrégationniste de Griffith, et le témoignage d'un vieux militant des droits civiques (Harry Belafonte himself !) évoquant les exactions d'autrefois...
Même grand art du coup de poing dans le "collapse" final avec les violences racistes de Charlottesville que Donald Trump avait refusé de condamner l'été dernier. Il arrive parfois que BlacKkKlansman flotte dans ses habits de Grand Prix du Jury à Cannes, surtout quand son réalisateur bâcle une romance entre son personnage principal (campé par le fils de Denzel Washington...) et une activiste qui se prend pour Angela Davis... La niaque de Spike Lee fait heureusement très vite passer la pilule. Elle a surtout valeur de cure de jouvence lorsqu'on a encore en mémoire quelques ratages plus ou moins récents, à l'instar de ce malheureux Miracle à Santa-Anna bientôt visible sur nos écrans, pour le meilleur et surtout pour le pire...
BlacKkKlansman-J'ai infiltré le Ku Klux Klan, Spike Lee, Grand Prix du Jury à Cannes, sortie en salles le 22 août. Miracle à Santa-Anna, sortie le 29 août.