Lundi 15 décembre 2008 par Ralph Gambihler

Australia

" Oh les jolis kangouroux ! ",  s'extasie dans sa diligence Lady Sarah Ashley, alias Nicole Kidman, fraîchement débarquée de son Angleterre natale pour tenter de sauver un gigantesque domaine australien dont elle a hérité... Mais elle n'a pas vraiment le temps d'écarquiller les yeux, Nicole Kidman, vu que dans la seconde qui suit, deux des kangourous qui l'escortaient sont sauvagement abattus par un chasseur anonyme.

Cette séquence qui tourne en dérision les clichés touristiques australiens aurait pu donner matière à un grand film si "Australia" avait ainsi cultivé le second degré jusqu'au générique de fin... Autant en emporte les kangourous, hélas... A vouloir ressusciter Scarlett O'Hara sous les traits de Nicole Kidman, Baz Luhrmann, réalisateur pourtant prometteur de "Moulin Rouge ", va rapidement tomber dans la guimauve la plus insipide.

Le spectateur, du même coup, n'a plus qu'à se rabattre sur l'indéniable force visuelle des paysages pour tenir jusqu'au bout de cette saga de près de trois heures dans laquelle Nicole Kidman, partie vendre 2000 têtes de bétail à des milliers de kilomètres de son domaine, fait équipe avec un cow-boy primitif au premier abord (composition bellâtre de Hugh Jackman) avant de subir les bombardements japonais, le film ayant pour cadre la 2ème guerre mondiale... Le film évoque  également le sort des enfants aborigènes volés qui ont été élevés comme des Blancs durant toute une période en Australie, mais là encore, le thème est traité avec une lourdeur sans nom à laquelle se surajoute une grosse erreur de casting dans le choix du gamin qui joue le petit aborigène... "Australia" laisse rêveur en fin de compte sur ce qu'il advient de ces films uniquement portés par la volonté d'une forte personnalité, celle en l'occurrence de Nicole Kidman...

Rien, et surtout pas ce nanar en forme de superproduction, ne viendra ternir le palmarès d'une comédienne de légende qui, de Kubrick à Lars Von Trier, a su faire des choix fabuleux. Il n'empêche que Nicole Kidman, un peu comme Isabelle Adjani en France, est arrivée aujourd'hui à un stade où ses talents tournent à vide... On aimerait qu'elle se laisse à nouveau "brider" par un grand metteur en scène pour qu'on retrouve "la" Kidman d'autrefois...

Australia, de Baz Luhrmann (Sortie en salles le 24 décembre)

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