Wayne Shorter, l'adieu au Night Dreamer
« Notre héros, notre gourou, et un ami formidable »…Ce sont les mots de Don Was, le président du label Blue Note après la disparition du saxophoniste Wayne Shorter à l’âge de 89 ans.
Si j’ai choisi de les reprendre, c’est évidemment parce qu’on pleure tous depuis hier, la perte d’un des derniers titans du jazz, un géant parmi les géants !
Mais c’est aussi parce qu’ils expriment très précisément ce qu’on est beaucoup à ressentir à travers le monde !
Évidemment, parler de Wayne c’est revenir sur plusieurs pages essentielles de l’histoire de cette musique : les Jazz Messengers auxquels il a appartenu, entre la fin des années 50 et le début de la décennie suivante, sa place centrale dans le deuxième grand quintet de Miles Davis, la révolution électrique du même Miles, la fondation du groupe Weather Report dans les 70’s avec Joe Zawinul, sa complicité avec Herbie Hancock...
On ne compte pas non plus les albums cultes sous son nom…Allez, j’en cite trois, "Night Dreamer", "Speak No Evil" et "Native Dancer", mais je pourrais en donner dix, tous plus essentiels les uns que les autres.
Mais Wayne - et vous l’entendez, je l’appelle par son prénom – était encore plus GRAND que ça !
C’était un phare, dont la parole, empreinte de philosophie bouddhiste, prônait la bienveillance, la profonde connaissance de soi, pour mieux déplacer des montagnes…
C’était un modèle de finesse et d’exigence…
Une tête chercheuse qui a repoussé jusqu’au bout les limites de son art, et dont la musique avait le pouvoir de suspendre le temps…En disant cela, je pense à son dernier quartet, avec Danilo Perez, John Patitucci et Brian Blade.
Il avait aussi récemment composé un opéra avec Esperanza Spalding, et il était d’ailleurs en train de travailler sur un nouveau projet avec elle…
Et puis le dingue de comics que je suis et qu’il était, ne peut pas non plus faire l’impasse sur son ultime album, « Emanon », sorti il y a près de cinq ans, et qui était accompagné d’un roman graphique de 74 pages.
Depuis le choc du départ vers d'autres cieux, de ce super-héros du saxophone et de la composition, on célèbre sa mémoire sur l’antenne de TSFJAZZ. On lui dédie donc, évidemment, notre Deli Express qu'on passe en compagnie de plusieurs saxophonistes, Sophie Alour, Olga Amelchenko, Samy Thiébault et Lionel Belmondo, ainsi que du journaliste Vincent Bessières, qui avait été il y a une dizaine d'années, le commissaire d'une grande expo sur Miles Davis, à la Cité de la Musique.